4. Concours, galas et festivals d'un océan à l'autre
De nombreux concours, galas et festivals se tiennent chaque année dans la francophonie canadienne.
Angélique Duruisseau, 2005
De nombreux concours, galas et festivals se tiennent chaque année dans la francophonie canadienne. Ils permettent aux artistes de faire connaître leurs chansons, d’acquérir de l’expérience et de lancer leurs carrières. Les concours qui couronnent un ou plusieurs gagnants offrent aussi, bien souvent, une formation et l’occasion de travailler avec des professionnels d'expérience. Quant aux festivals, plusieurs comportent un volet formation et/ou concours. Tous ces événements sont autant d’occasions de donner à la chanson francophone une visibilité d'un océan à l'autre.
Au Québec, plusieurs festivals se consacrent à la chanson, comme le Festival de la chanson de Petite-Vallée qui a été créé en 1983. Le plus ancien est le Festival d'été de Québec qui existe depuis 1968 ; il est devenu en 1982 un festival international ouvert aux artistes de la francophonie et à la musique du monde. Citons aussi le Festival de la chanson de Tadoussac qui fêtait ses 25 ans d'existence en 2009, de même que les FrancoFolies de Montréal, un événement qui propose depuis 1989 des spectacles d'artistes francophones, connus ou en émergence, de tous les styles de musique.
Édition 1985 du Festival de la
chanson de Granby
Pour les artistes de la relève francophone, le Festival international de la chanson de Granby (www.ficg.qc.ca), au Québec, est probablement le plus important. De simple activité dans la programmation annuelle de la ville de Granby, en 1969, ce festival obtient ses lettres patentes en 1979 et propose un volet international en 1989. Au fil des ans, de nombreux jeunes artistes ont profité de ce concours qui couronne depuis ses débuts deux lauréats, l’un dans la catégorie « Interprète », l’autre dans la catégorie « Auteur-compositeur-interprète ». À partir de l'année 2000, la catégorie « Groupe » s’est ajoutée. L'une des particularités de ce festival est qu'il constitue le lieu de convergence des concours et galas qui se tiennent dans les autres régions du Canada. Déjà, en 1972, le 100 Nons du Manitoba tenait des auditions dans le but d'envoyer un candidat à Granby. Des artistes de l'Ontario, de l'Acadie et de l'Ouest y ont d’ailleurs remporté les honneurs à quelques reprises dans les années 1970 et 1980. Depuis, des ententes ont été conclues entre les galas Ontario pop et Chant' Ouest, avec la région atlantique et le Réseau national des galas de la chanson, afin d’assurer aux lauréats de ces concours une place de semi-finalistes à Granby.
Michel Marchildon, lauréat du prix
auteur-compositeur-interprète du Gala
fransaskois de la chanson en 1992
En Acadie, le doyen des concours est le Gala de la chanson de Caraquet (www.galadelachanson.ca) qui se tient dans le cadre du Festival acadien de Caraquet depuis 1969. Ce gala devient d’envergure provinciale en 1973. Dans la province voisine, le Concours de la chanson de la Nouvelle-Écosse, à la fois compétition, occasion de formation et de promotion, a tenu son premier gala en 1978 dans le cadre du Festival de l'Escaouette. Une deuxième édition a eu lieu en 1980. Il faut cependant attendre 1992 pour qu’il soit relancé par Radio-Canada et le Centre culturel acadien. En 2002, l'Académie de la chanson de la Nouvelle-Écosse est créée pour s'occuper de ce gala, en plus de celui de l'Île-du-Prince-Édouard qui a lieu tous les deux ans depuis 1996. Plus au nord, la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador a mis en place le Réseau culturel francophone de Terre-Neuve-et-Labrador en 2007.
En Ontario, le concours Ontario pop (www.apcm.ca) a été créé en 1986 grâce à Denis Pellerin, réalisateur à la radio de Radio-Canada. Ainsi, les jeunes artistes franco-ontariens bénéficient d'une formation et profitent d'une occasion de monter sur scène avec une équipe professionnelle. Un spectacle-gala permet de couronner des lauréats dans les catégories « Interprète » et « Auteur-compositeur-interprète ». Pour les groupes, Radio-Canada a organisé le concours La brunante à la Société Radio-Canada de 1994 à 1997, dont le lauréat gagnait une participation à La Nuit sur l'étang. Cet événement musical a lieu annuellement à Sudbury depuis 1973 et constitue depuis un lieu hautement symbolique pour la consécration des artistes franco-ontariens. Le Festival franco-ontarien d'Ottawa, quant à lui, a pris une dimension internationale dans les années 1980 ; il a fait faillite en 1994 puis est revenu en force depuis 1995.
Comité organisateur du
Chant'Ouest 2000
Dans l'Ouest, depuis le début des années 1990, une série de galas se tient dans chaque province, puis culmine par le gala interprovincial Chant’Ouest (www.chantouest.ca), auquel participent les lauréats des concours provinciaux. C'est en Alberta qu’un premier gala de la chanson est mis sur pied en 1988. À la fois école de chanson, concours et événement de variétés, il devient interprovincial deux ans plus tard, puis prend le nom de Chant’Ouest en 1992. Les autres provinces de l’Ouest emboîtent le pas avec le Gala fransaskois de la chanson, le Gala albertain de la chanson, le Gala manitobain de la chanson et le Gala provincial de la chanson francophone de la Colombie-Britannique. Chant’Ouest a maintenant lieu en alternance dans les quatre provinces de l'Ouest et ses gagnants obtiennent une place de semi-finalistes au Festival international de la chanson de Granby, au Québec. Outre ces concours, on trouve dans l’Ouest quelques festivals destinés à faire la promotion de la chanson. Au Manitoba, le Festival du voyageur de Saint-Boniface, qui met en valeur le patrimoine et la culture des Franco-Manitobains, fêtait sa 40e édition en 2009. Le Festival d'été francophone de Vancouver, fondé en 1990, permet aussi d’entendre de la musique francophone du monde entier, tandis que le festival Edmonton chante existe depuis 2004.
Participants de Granby suivant un
atelier en improvisation et expression
théâtrale
La jeune Danielle Hudon suivant une
leçon de chant avec Michel Lalonde
Un autre lieu de convergence pour la chanson franco-canadienne est le Coup de cœur francophone mis sur pied en 1986. Cet événement annuel se tient simultanément à Montréal et dans plusieurs villes canadiennes, avec une programmation « axée sur l'émergence, l'audace et la création ». En 1995, l’événement ajoute un volet « Festival itinérant ». Déjà, Moncton s'était joint au Coup de cœur en 1992 et Toronto en 1994. En 2008, 31 villes canadiennes participaient au réseau Coup de cœur francophone.
Enfin, plusieurs galas soulignent l'excellence des artistes et des artisans de la chanson francophone au Canada. Citons le Gala de l'ADISQ au Québec (depuis 1979) (www.adisq.com), le Gala des Éloizes en Acadie (depuis 1998) (/www.aaapnb.ca), et le Gala des prix Trille Or en Ontario (depuis 2001) (www.apcm.ca).
« Je cours les concours / y paraît que j'ai toute pour », chantait la « Miss Pepsi » de Robert Charlebois, et Pierre de Coubertin rappelait que « l'important n'est pas de gagner mais de participer ». C'est peut-être ce que les artistes devraient retenir de tous ces concours, galas et festivals. Les gagnants n’ont pas tous fait carrière, alors que certains finalistes sont devenus des vedettes. Les artistes y gagnent à tout coup en expérience et en visibilité. De plus, tous ces événements sont de précieuses occasions de rencontrer le public. Car si les chansons ont besoin de voix pour les porter, encore faut-il des oreilles pour les écouter.
