2. La popularisation de la chanson francophone hors Québec

« Au cours des années 1970, des groupes d'artistes et citoyens s'unissent pour soutenir la culture d'expression française. »

 

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Le groupe Cano en prestation
à Vancouver en 1978

Dans toutes les communautés francophones du Canada, la culture se trouve enrichie par le développement du marché de la chanson francophone. Au cours des années 1970, des groupes d’artistes et de citoyens s’unissent pour soutenir la culture d’expression française. Les gouvernements mettent sur pied des programmes de soutien à la création, à la production et à la diffusion de la culture francophone : par exemple, le Bureau franco-ontarien en 1970 ou la Fédération culturelle canadienne-française (www.fccf.ca) fondée à Winnipeg en 1977, qui a pour mission de promouvoir l’expression artistique et culturelle des communautés francophones et acadiennes. Les programmes liés à la politique de bilinguisme et biculturalisme du gouvernement fédéral jouent également un rôle important. Puis, en réponse à la crise économique qui porte un dur coup à l’industrie de la chanson, le gouvernement fédéral crée le programme Musicaction en 1985. L’ensemble de ces initiatives favorise la vitalité culturelle des communautés francophones dans tout le Canada et dans le monde de la chanson en particulier.

Les membres de Cano, vers 1977

Pochette de disque du groupe Garolou

La Nuit sur l'étang, créé à Sudbury en 1973, est sans doute le principal événement de création musicale franco-ontarienne. Cette manifestation et bien d’autres initiatives culturelles sont dues à la démarche progressiste d’étudiants rassemblés dans le collectif franco-ontarien CANO, pour Coopérative des artistes du Nouvel Ontario, qui jouent un rôle clé entre 1969 et 1984. Dans sa dimension musicale, ce regroupement – constitué de francophones et d’anglophones originaires de l’Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick – chante dans les deux langues et mélange le rock, le folk et le jazz. CANO provoque un réel engouement partout au Canada. En 1980, le Toronto Sun le nomme « Meilleur groupe canadien de l’année ». Garolou est aussi un collectif unissant des musiciens ontariens, québécois et acadiens, très populaire dans la seconde moitié des années 1970. Le festival Contact ontarois, qui favorise la rencontre entre les diffuseurs et les artistes francophones, s’ajoute en 1979. Hormis les groupes ayant marqué la scène franco-ontarienne, il faut mentionner le chansonnier Robert Paquette qui, après des débuts dans un groupe yé-yé, entame une fructueuse carrière d’auteur-compositeur-interprète. Paquette effectue de nombreuses tournées en Amérique et en Europe. Il connaît du succès au Québec et mène de front sa carrière de chansonnier et de compositeur de musique de film. Il demeure l’une des figures marquantes de la chanson franco-ontarienne.

Robert Paquette au Festival
de la chanson de Granby
en 1972

Affiche de promotion
du groupe 1755.

Une autre scène musicale francophone florissante est celle des Acadiens des provinces maritimes. Les deux lieux phares de la culture acadienne du Nouveau-Brunswick sont la ville de Moncton et celle de Caraquet, dans la baie des Chaleurs, où se tient le Festival acadien de Caraquet (www.festivalacadien.ca) depuis 1963. Cette région a d’ailleurs vu naître Édith Butler, sans doute la chanteuse acadienne la plus connue sur la scène internationale. En effet, Édith Butler débute sa carrière professionnelle en 1973 puis côtoie les grands du folk-rock, dont Bob Dylan, Buffy Sainte-Marie et Joan Baez. Elle se produit au Japon, effectue des tournées partout en Europe francophone et remporte de nombreux prix, tant pour ses chansons que pour son rôle d’ambassadrice de la culture acadienne. Dans les années 1970 et 1980, les chansonniers Calixte Duguay et Donat Lacroix jouent également un rôle important, ainsi que le groupe Beausoleil Broussard qui marie musique traditionnelle et compositions originales, et le groupe 1755, au son rock et aux thèmes revendicateurs. Mentionnons encore Angèle Arsenault, originaire de l’Île-du-Prince-Édouard, qui connaît un succès éclatant au Québec et en Acadie après son premier album lancé en 1975. Enfin, Zacharie Richard, le Cajun de la Louisiane descendant des Acadiens déportés aux États-Unis, fait aussi carrière au Canada français à partir de 1977. Ces artistes donnent une réelle impulsion à la musique acadienne, qui n’a cessé de se développer depuis.

L’auteur-compositeur
et interprète acadien
Calixte Duguay

Daniel Lavoie, 10 sur 10 Compilation, 1984

Au Manitoba, quelques organismes encouragent et soutiennent l’industrie musicale francophone. Ainsi, le 100 Nons (www.100nons.com) (depuis 1967) et le Centre culturel franco-manitobain (depuis 1974) appuient les artistes et les artisans par la formation, la production, la diffusion, la promotion et le développement d'un public francophile. Daniel Lavoie est l’auteur-compositeur-interprète manitobain qui connaît le plus grand succès pancanadien et même européen. Son répertoire initial est bilingue, anglais et français, puis Lavoie choisit de faire principalement carrière en français au début des années 1970, après une première tournée au Québec. Toujours au Québec, il remporte à deux reprises le Félix de l’interprète masculin de l’année au Gala de l’ADISQ, en 1980 et 1981. Puis il atteint des sommets au milieu des années 1980, réalisant des tournées en Belgique, en France, en Suisse et au Québec. Il remporte également des prix et des mentions pour plusieurs de ses chansons. Artiste engagé, Daniel Lavoie devient porte-parole de la Fédération canadienne pour l'alphabétisation en français (FCAF) et participe à de grands spectacles voués à la défense des droits de la personne et à la lutte contre la pauvreté.

Hart-Rouge, de Saskatchewan, en répétition

En Saskatchewan, la scène musicale francophone s’anime également à compter des années 1960. Les boîtes à chansons y sont très populaires et favorisent l’émergence d’artistes fransaskois comme Henri Loiselle et Claudette Bouffard. Le Collège Mathieu, de Gravelbourg, joue un rôle moteur avec la chorale Octopus créée en 1963 et, surtout, le groupe MAT fondé en 1971, qui devient un centre de formation pour plusieurs artistes. Certains d’entre eux connaîtront des succès pancanadiens et même internationaux dans les années 1980, tels Hart rouge et Carmen Campagne.

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