Introduction au parcours 3

La chanson est le moyen privilégié par les jeunes pour exprimer et partager leurs rêves et leurs aspirations.

 

Introduction au parcours

Module lunaire américain, Expo 67, Montréal

Canadiens
dans l'espace

Une jeunesse nombreuse et remuante prend beaucoup de place dans la société canadienne au cours des années 1960-1970. La conquête de l’espace, les communications mondiales par satellite, les voyages plus accessibles que jamais et le rêve d’un monde meilleur animent ces jeunes baby-boomers (nés après 1945). Certains d’entre eux s’inscrivent dans un courant plus contestataire et radical appelé contre-culture, en provenance de la Californie, dont les hippies sont les représentants les plus connus. À la même époque, les revendications de mai 1968 en France font écho à ce qui se produit aux États-Unis et au Canada. La chanson est le moyen privilégié par les jeunes pour exprimer et partager leurs rêves et leurs aspirations.

Spectacle de la St-Jean-Baptiste, 1975

On peut qualifier les années 1970 d’âge d’or de la chanson francophone québécoise et canadienne, tant la production est abondante, variée et marquée par une grande créativité. Pour contrer la popularité envahissante de la musique anglo-saxonne, qui traverse elle aussi une période faste, la production de disques francophones est soutenue par le Conseil de la radio-télévision canadienne (aujourd’hui le CRTC), qui impose en 1973 des quotas de contenu canadien francophone (65 %) aux diffuseurs radio francophones. Cette intervention va stimuler l’industrie du disque à travers le Canada. Des auteurs-compositeurs-interprètes et des groupes de jeunes musiciens francophones émergent de partout. Ils sont nombreux à connaître le succès. La musique occupe une place de plus en plus importante dans les médias. Les disques et les partitions se vendent en quantité. La période 1975-1979 s’avère particulièrement fertile.

Étalage de disques 33 tours

Au sein de l’industrie, les techniques d’enregistrement sur disque se perfectionnent et les diverses étapes de production mènent à une spécialisation des tâches. Le réalisateur, l’ingénieur du son et le directeur musical deviennent des personnes clés. La réalisation d’un disque de qualité prend plus de temps et nécessite plus d’argent. Le disque 33 tours (ou « long jeu »), présent sur le marché depuis 1948, devient la norme en musique populaire. Ce disque d’une durée de 40 à 60 minutes permet de composer des chansons de longueur variable. Il favorise également l’apparition des albums-concept, dont un thème ou un fil conducteur lie les chansons les unes aux autres. Les groupes de rock progressif profitent de ces nouvelles possibilités pour laisser libre cours à leur créativité.

D’autres développements technologiques conduisent à l’introduction de supports à bande magnétique. Le plus populaire d’entre eux sera la mini-cassette, mise en marché par Philips en 1961. Celle-ci est plus facile à transporter et beaucoup moins fragile que le disque en vinyle. Elle offre également le grand avantage de permettre à l’utilisateur d’enregistrer ses propres compilations à partir de disques, de la radio ou d’autres cassettes. Son succès est décuplé après l’introduction du baladeur (walkman) ou « lecteur de cassettes portable » par Sony, en 1979. La cassette devient alors le premier système de musique enregistrée qui donne la possibilité de se déplacer partout en écoutant les artistes et les chansons de son choix.

Walkman TPS-L2 (1979) de Sony

Cette période particulièrement féconde se termine au début des années 1980 quand frappe une grave récession économique. Des questions très concrètes se posent alors. Il faut apprendre à mieux gérer la société développée, confortable et coûteuse que les Canadiens ont mise en place. Les jeunes sont à nouveau séduits par des musiques plus divertissantes et le style disco s’impose avec force. Par ailleurs, la montée du nationalisme québécois, qui avait marqué les années 1970, s’essouffle après l’échec du premier référendum sur la souveraineté en 1980. Ce courant nationaliste a cependant eu des répercussions majeures dans les communautés francophones de partout au Canada, qui redéfinissent leur identité et connaissent une grande effervescence culturelle.