Vue de Montréal depuis la cheminée de la
centrale de la Montreal Street Railway, QC, 1896
Le début du 20e siècle est marqué par plusieurs inventions révolutionnaires : l’automobile, l’avion, le téléphone, la radio. La population du Canada vit de plus en plus en ville au lieu de résider à la campagne. La production industrielle prend de l’importance, aux côtés du commerce et de l’agriculture. Ces transformations changent la vie de toute la population. La croissance économique et la hausse du niveau de vie constantes sont entrecoupées par deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945) et par une dure et longue récession économique (1929-1939).
Avant 1900, personne ne gagne sa vie au moyen de la chanson populaire. Même les plus talentueux chanteurs, ou chanteuses, doivent pratiquer un « vrai » métier. Ils chantent dans les soirées, les mariages, en famille, mais ils ne font pas de carrière professionnelle.
Le dirigeable R-100, Saint-Hubert, QC, 1930
En 1877, l’invention du phonographe par l’américain Thomas Edison marque le début de la musique enregistrée. C’est cependant l’appareil inventé par Emile Berliner en 1888, le gramophone, qui lance véritablement la production commerciale de musique. Car le gramophone utilise des disques plats et rigides qui sont plus solides, pratiques, et moins coûteux que les cylindres de cire utilisés par le phonographe. Ces disques rigides tournent à 78 tours par minute – d’où leur nom de 78 tours. La courte durée de l’enregistrement – de 3 à 4 minutes par face – aura une conséquence majeure sur la chanson populaire. Cette contrainte technique exerce une influence déterminante sur la durée des chansons qui s’uniformise à 3 ou 4 minutes, et ce jusqu’à aujourd’hui.
Vérification des machines, Berliner Gramophone
Company, Montréal, QC, 1910
Le développement de l’industrie du disque survient dès 1900 au Canada, quand Emile Berliner fonde la compagnie Berliner Gram-O-phone à Montréal. Cette compagnie presse des disques (copie mécanique des enregistrements réalisés à New-York) et fabrique des gramophones. À partir de 1916, elle enregistre également des artistes canadiens-français dans ses propres studios, à Montréal. D’autres compagnies emboitent le pas. Les productions sont variées : musique classique, musique traditionnelle, chansons populaires, dialogues humoristiques. La vente de disques procure un revenu supplémentaire aux chanteurs et chanteuses populaires qui commencent à pouvoir vivre de leur art.
Après la Première guerre mondiale (1914-1918), un moyen de communication révolutionnaire apparaît : la radio. La première station canadienne, la XWA, entre en ondes à Montréal en 1920, suivie de la station francophone CKAC en 1922. La radio d’État (Société Radio-Canada) est créée en 1936.
Conrad Gauthier et sa troupe
Jusque dans les années 1950, les stations de radio font rarement jouer des disques, car la plupart possède un studio où les musiciens et les chanteurs interprètent en direct les succès du jour. La radio popularise néanmoins la chanson comme divertissement, elle engage des artistes et favorise indirectement la vente de disques. Au fil des années, cependant, les radios font jouer de plus en plus les disques pour les raisons suivantes : 1) l’interprétation en direct coûte beaucoup plus cher que le disque; 2) les chanteurs et chanteuses deviennent des vedettes que le public veut entendre. C’est ainsi que la radio devient un important moyen de promotion de la chanson enregistrée et permet à plusieurs artistes de faire carrière.