4. Une place à prendre

Les premiers artistes hip-hop québécois seront les formations French B. et le Mouvement rap francophone.

 

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Loco Locass en 2006

La scène hip-hop, dont est issu le style musical appelé rap, s’est formée dans des quartiers pauvres à dominance afro-américaine de New York, dans les années 1970. Il faut attendre une vingtaine d’années avant que le genre intéresse plus sérieusement des artistes de la francophonie canadienne.

Radio Radio, Cliché Hot (2008)


Omnikrom, Trop banane! (2007)


2Faces, Moi, 2Faces & Dirty (2007)

Les premiers artistes hip-hop québécois seront les formations French B. et le Mouvement rap francophone. En 1996, Dubmatique fait une percée sur le palmarès avec la chanson La force de comprendre. Les formations Rainmen et Muzion suivent la même voie, dans une approche qui s’apparente beaucoup au rap français. Formé en 1997, Sans pression est l’un des premiers rappeurs à « québéciser » le genre, en intégrant le joual dans ses textes. Il n’y a pourtant pas encore de véritables succès hip-hop : les grands réseaux de radio, la télévision et les compagnies de disques ne s’y intéressent pas. Les préjugés sont nombreux et tenaces. Les musiciens s’autoproduisent avec peu de ressources, ce qui contribue à perpétuer une image de marginalité. Bientôt, cependant, on ne peut plus ignorer ce style musical de plus en plus prolifique et populaire.

La chaîne de télévision MusiquePlus sera le premier diffuseur important de ce style de musique. En 2002, le rappeur 2 Faces et les membres du collectif 83 font un coup d’éclat : ils interrompent, sans invitation, le Gala de l'ADISQ pour réclamer la reconnaissance officielle de leur style musical. Depuis, le rap québécois se développe et se diversifie constamment. Certains intègrent des éléments de jazz et de reggae (Accrophone, Boogat, Damien, Gatineau), de l’électro (Omnikrom, Gatineau), des éléments plus pop (CEA, Atach tatuq, les Deux Tom, Lucenda), un côté gangster (Taktika, Sozi, Black Taboo), des éléments de musique traditionnelle et autochtone (Loco Locass, Anodajay, Samian), ou encore de musique actuelle (DJ Ghislain Poirier). L’Acadie n’est pas en reste avec Jacobus et Maléco, ainsi que Radio Radio qui se démarque par l’utilisation du chiac (joual acadien). Il faut enfin mentionner la formation The Dope Poet Society de Toronto, qui dans la chanson All of us chante dans cinq langues différentes, dont le français.

La scène hip-hop francophone est très interactive, incitant les rapprochements entre les cultures, les milieux, les artistes et les langues. En effet, les artistes collaborent fréquemment entre eux, sur album, en concert, et dans toutes sortes de projets. Le featuring (prestations partagées avec un ou plusieurs « invités » et propices au mélange de genres) est d’ailleurs une pratique fréquente dans le milieu hip-hop. Elle permet des collaborations enrichissantes entre les formations du Québec, du Canada, de la France, de la Belgique, d’Haïti, et d’autres pays où l’on chante et parle en français. Ces réseaux se tissent en grande partie grâce à Internet, mais aussi à travers les maisons de disques indépendantes et par les communications interpersonnelles. Le hip-hop est aujourd’hui présent partout : sur les pistes de danse, sur les ondes de nombreuses radios, sur les chaînes de musique spécialisée et chez tous les disquaires.

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