2. L’assaut de la télévision-réalité

La télé-réalité est la nouvelle venue des années 2000. Elle exploite le côté mercantile des jeux télévisés, l’élément dramatique des séries télévisées et l’aspect participatif des sondages d’opinion.

 

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Wilfred LeBouthilier

La télé-réalité est la nouvelle venue des années 2000. Elle exploite le côté mercantile des jeux télévisés, l’élément dramatique des séries télévisées et l’aspect participatif des sondages d’opinion. À tout cela s’ajoute l’engouement pour un divertissement fondé sur l’observation de la vie intime de quelques personnes choisies. Le concept typique de la télé-réalité consiste à suivre l’élimination progressive des participants, jusqu’à ce qu’un vainqueur soit désigné par vote du public. Le lien avec le monde de la chanson s’est fait en adaptant ce concept à un concours de chansons.

Lancement de l’album Star Académie 2005
au Métropolis de Montréal, 1er novembre 2005

Au Québec, l’émission Star Académie connaît un succès retentissant au petit écran depuis 2003. Ce jeu télévisé permet d’observer un groupe de 12 candidats pendant 10 semaines. Les activités des « académiciens » consistent en une série d’ateliers de formation artistique (chant, diction, expression scénique), et de répétitions menant à la sélection des participants au gala final. Les candidats sont filmés 24 heures sur 24. À la différence d’autres concours de chansons télévisés (Jeunesse d’aujourd’hui de 1962 à 1974, Les jeunes talents Catelli de 1963 à 1980, et Star d’un soir de 1984 à 1989) le participant de Star Académie évite semaine après semaine l’élimination grâce à son talent artistique et à l’estime du public pour son comportement et sa personnalité. Pendant la durée du concours, les candidats sont très exposés dans les médias : télévision, journaux, magazines, sites Internet, blogues et téléphones sans fil.

Annie Villeneuve,
Quand je ferme les yeux (2005)


Stéphanie Lapointe,
Sur le fil (2005)

Depuis 2003 (avec un répit entre 2006 et 2008), Star Académie attire des millions de téléspectateurs et reçoit l’appui de quelques vedettes de la chanson. L’émission s’est aussi attirée de sévères critiques. L’avantage pour les gagnants est qu’ils peuvent prendre rapidement leur place sur le marché de la chanson. La création quasi instantanée de stars de la chanson a toutefois son revers, puisque les producteurs de l’émission font signer un contrat très strict aux gagnants, qui ont la chance de réaliser leur rêve. L’exercice permet aussi de faire vivre une expérience unique à des dizaines de jeunes, de remettre à l’avant-plan des chansons oubliées, et de révéler au jeune public des artistes qu’il connaît peu. Quelles seront à long terme les répercussions de Star Académie sur le patrimoine de la chanson francophone au Canada ? Il est trop tôt pour répondre à cette question.

Si Star Académie permet de connaître le succès avant même d’avoir amorcé une carrière professionnelle, le défi pour les gagnants et les finalistes consiste à poursuivre cette carrière amorcée en coup de canon. Quelques-uns des participants ont su garder une place enviable sur la scène de la chanson francophone : Wilfred Le Bouthillier (gagnant 2003), Marie-Élaine Thibert (finaliste 2003), Marie-Mai (2003), Annie Villeneuve (2003), Stéphanie Lapointe (gagnante 2004) et Marc-André Fortin (gagnant 2005). D’autres poursuivent une carrière plus modeste en décrochant un rôle dans une comédie musicale, ou en animant une émission de radio ou de télévision.

Marie-Elaine Thibert au lancement
de son album Comme ça, Olympia de
Montréal, avril 2007

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