4. Le yé-yé, une musique par les jeunes, pour les jeunes

Le mouvement yé-yé qui s’épanouit au Québec dans les années 1960, après le rock’n’roll, s’inscrit dans la foulée des transformations musicales et culturelles qui marquent de nombreux pays occidentaux.

 

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Tous les moyens sont bons pour se faire
remarquer depuis qu’on est vu à la télévision.

Jusqu’aux années 1950, la musique populaire était « bonne pour tous » : enfants, parents et grands-parents écoutaient les mêmes chansons, sans distinction d’âge. Cela change après la Deuxième Guerre mondiale avec l’émergence d’un « nouveau » groupe d’âge : l’adolescence. N’étant plus des enfants, mais pas encore des adultes, les adolescents représentent un nouveau marché pour les vêtements, les loisirs et, tout spécialement, la musique. Le mouvement yé-yé qui s’épanouit au Québec dans les années 1960, après le rock’n’roll, s’inscrit dans la foulée des transformations musicales et culturelles qui marquent de nombreux pays occidentaux.

Les groupes et les chanteurs et
chanteuses yé-yé se multiplient rapidement.

À cette époque qualifiée de Révolution tranquille au Québec, tant les changements y sont rapides et nombreux, les jeunes fréquentent l’école plus longtemps. Ils travaillent aussi quelques heures par semaine tout en continuant d’habiter chez leurs parents. Ils ont donc de l’argent à dépenser pour leurs loisirs. De plus, l’influence du clergé est en déclin et laisse place au développement de la musique populaire, du rock au yé-yé. Rappelons qu’en 1957, le clergé avait réussi à empêcher la venue d’Elvis Presley au Québec et luttait contre l’envahissement du rock’n’roll, cette musique considérée comme perverse et dangereuse ! Dans le sillage de la musique pop britannique (rappelons notamment que les Beatles échappent au pouvoir du clergé et donnent un spectacle au Forum de Montréal le 8 septembre 1964), le yé-yé apparaît en France, puis au Québec. Très rapidement, tant en région qu’en banlieue ou en ville, plus de 500 groupes yé-yé se forment. Les jeunes se ruent dans les magasins de musique pour s’acheter une guitare, font le ménage du sous-sol pour se créer un espace bien à eux et s’improvisent un groupe de musique. Leur espoir est de jouer à la prochaine soirée de danse paroissiale.

Bruce et les Sultans en spectacle
durant l’Expo 67, Montréal (Québec), 1967.

Les groupes de jeunes exploitent et personnifient l’image du « band » avec une instrumentation rock : guitare électrique, basse électrique, batterie et voix. La tenue vestimentaire est souvent originale. Ce qui distingue le yé-yé du style chansonnier est que les chansonniers accordent une grande importance au texte, alors que les artistes yé-yé veulent surtout faire danser et divertir. La musique et le rythme sont donc les éléments primordiaux. Les compagnies de disques sont au rendez-vous et enregistrent des centaines de 45 tours de musique yé-yé. La télévision offre également une grande visibilité à ce style, grâce à des émissions spécialisées comme Jeunesse d'aujourd'hui (1962-1974), Jeunesse oblige (1964-1965) et Jeunesse en orbite (1960-1968).

Si de nombreux groupes yé-yé proposent des reprises de chansons américaines ou britanniques en traduction française, beaucoup écrivent aussi leurs propres chansons, une fois qu’ils sont connus. Le Québec devient une pépinière de jeunes artistes avec les Bel Canto, les Baronets (trio dont le producteur René Angélil fait partie), César et les Romains, les Excentriques, les Miladys, les Habits jaunes, les Sultans, les Sinners (qui deviendra la Révolution française), les Classels, les Hou-Lops, les Bel-Air, les Gants blancs (qui deviendront Offenbach) et bien d’autres. Plusieurs musiciens qui marqueront la musique québécoise des années 1970-1980 ont commencé leur carrière dans un groupe yé-yé.

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