4. Comédien, chanteur, animateur, auteur-compositeur…
artiste quoi!

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Lionel Parent

Au début du XXe siècle, rares sont les artistes qui n’occupent qu’un seul métier. À l’époque où un menuisier peut réparer une table, fabriquer une charrette ou construire une maison, on s’attend à ce qu’un artiste démontre une grande polyvalence. On lui demande aussi bien de chanter que de jouer la comédie, ou d’animer une émission de radio. Ainsi, plusieurs comédiens de théâtre enregistrent des monologues et des dialogues humoristiques, des chansons populaires, des chansons traditionnelles et des airs d’opérette. Ils participent de plus à des spectacles ambulants, des cafés-concerts et ils jouent dans des feuilletons radiophoniques, ou radioromans.

Lionel Parent (1905-1980) est un bon exemple de ces artistes polyvalents. À la fin des années 1920, Parent se produit en spectacle comme comédien et chanteur. Dans les années 1930, il fait partie de la troupe des Veillées du bon vieux temps, avec Mary Bolduc et Jean Grimaldi. Il effectue donc des tournées de spectacles partout au Québec, en Ontario et même en Nouvelle-Angleterre. Il enregistre ses premiers disques en 1935 en reprenant des succès d’artistes français bien connus comme Tino Rossi et des chansons country américaines traduites en français, par exemple de Gene Autry. Parent est un chanteur de charme, une vedette qui aime maintenir un contact avec le public. C’est pourquoi il anime régulièrement des soirées dans les cabarets de Montréal et de Québec, tout en faisant carrière à la radio. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il anime l’émission « Lionel Parent chante » à CKAC (1941-1944). Rappelons qu’avant les années 1970, le rôle d’animateur de radio est très différent de celui que l’on connaît aujourd’hui. L’animateur n’est pas seul devant son micro. Il doit plutôt composer avec une ambiance ressemblant à un talk-show télévisé, où se bousculent de nombreux musiciens, techniciens et auditeurs1

Enregistrement de l’émission Lionel Parent chante à CKAC,
13 avril 1943

À la radio, Lionel Parent reçoit donc des invités et chante lui-même, accompagné de l’orchestre-maison de CKAC. Dans les années 1940, il commence même à composer ses propres chansons : la plupart sont des chansons de guerre qui relatent les difficultés éprouvées par les soldats. Dans ces chansons, il célèbre leur courage et réconforte les femmes délaissées et les mères en peine. Parent répond ainsi à l’appel de l’État et à la nécessité d’encourager les troupes; il exalte la fierté d’être Canadien. L’exemple de Parent incitera d’autres chanteurs de charme à composer leurs propres chansons. L’intérêt pour une expression plus personnelle grandit indéniablement chez les interprètes. Ce courant annonce ceux qu’on appellera les chansonniers.

Émission radiophonique "Le Train de plaisir" à CKAC
avec Albert Cloutier, Gratien Gélinas, Mimi Wister
et Lionel Daunais, 1939

Dans la première moitié du XXe siècle, l’industrie du disque et les professionnels de la chanson populaire canadienne-française sont tous regroupés dans la province de Québec. Non seulement y retrouve-t-on la plus forte concentration de francophones, mais toutes les compagnies de disques intéressées par le répertoire francophone sont implantées à Montréal, au cœur du marché. Il était donc très difficile pour un artiste francophone hors Québec d’endisquer et de faire une carrière professionnelle à cette époque.

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